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Force d'attraction

Alexandra Schweikart & Rabea Zühlke, jeudi, 06. octobre 2022

C'est la deuxième plus forte attraction après la gravité : lorsqu'il y a déjà de la neige en altitude, les blocs du versant sud des Alpes l'attirent.Les grimpeurs sont attirés vers le rocher avec une force presque magique pour mettre la main sur d'autres rochers avant l'arrivée de l'hiver. Nous présentons trois domaines - la littérature guide appropriée est disponible dans notre boutique ou dans la boutique en ligne.

Tessin : ambiance méditerranéenne et granite Suisse

Avec un climat doux, plus de 4000 voies de bloc, du granite et du gneiss parfaits : le sud de la Suisse possède tous les ingrédients pour attirer les amateurs de bloc du monde entier. Les pros, comme les débutants, découvrent un véritable paradis dans le Tessin italophone.

 

Le premier 8C du monde

Il aura fallu du temps au Tessin pour obtenir ce statut légendaire. Durant de nombreuses années, les immenses blocs représentaient tout au plus une alternative pour les alpinistes ambitieux, leur permettant de s’entraîner pour les grandes faces de granite. Même Claudio Cameroni, un des pionniers du bloc les plus connus au Tessin, n’a pas véritablement réalisé l’importance de ces blocs de gneiss et de granite. Ce n’est qu’après avoir invité Fred Nicole, le génial grimpeur romand, au Tessin que Cameroni réalise l’immense potentiel situé juste devant sa porte. Avec d’autres bloqueurs de haut niveau, il participe largement à l’aménagement de la région. En octobre 2000, le Tessin jouit même d’une renommée internationale avec la première de Fred Nicole dans « Dreamtime », première voie au monde à être cotée 8C, à Cresciano. Ce nouveau degré de difficulté attirera au sud de la Suisse des pros du monde entier : Dave Graham, Chris Sharma ou Adam Ondra se sont tous frottés à cette pièce majeure. Bien qu’il ne s’agisse plus du bloc le plus difficile du monde depuis longtemps, « Dreamtime » demeurera une étape importante de l’histoire du bloc.

 

Un paradis au sud de la Suisse

Ainsi, au cours des vingt dernières années, le Tessin s’est établi comme un véritable paradis du bloc. D’ innombrables sites et voies ont été ouverts, aussi bien par les locaux que par la scène internationale. De nos jours, Chironico, Cresciano, Brione dans le Val Verzasca, le col du Saint- Gothard ou le non loin Calancatal grison font partie des sites de bloc les plus appréciés en raison de la densité des voies. La jolie ville de Bellinzona se prête parfaitement comme camp de base. Tous les sites sont accessibles en dix à cinquante minutes. Le site de Brione, au coeur de l’autenthique Val Verzasca, est calme, tout en proposant néanmoins des voies sur un gneiss d’une rare qualité. Ses quelques 700 problèmes de bloc sont répartis en partie en forêt et en partie le long des eaux turquoise de la Verzasca. Cresciano, situé entre Bellinzona et Biasca, est un des premiers sites à avoir été ouvert, au début des années 1990. Avec plus de 1400 voies de bloc, il s’agit toujours d’une des meilleures destinations pour la pratique de ce sport.

 

 

Les passages de bloc athlétiques exigeant souvent de la force, ils raviront beaucoup les très bons grimpeurs. Chironico est situé environ 30 kilomètres plus loin, en direction du col du Saint Gotthard. Les blocs qui composent ce site sont issus d’un gigantesque éboulement ayant eu lieu il y a 11 000 ans. Au début des années 1980, le bâlois Richi Signer y a ouvert quelques blocs avant que le site ne retombe dans l’oubli. Ce n’est qu’au milieu des années 1990 qu’il redécouvrira ce site, accompagné de Fred Nicole. Aujourd’hui, Chironico propose 37 secteurs et plus de 2100 voies de bloc destinées aussi bien aux débutants qu’aux pros. Les possibilités de pratiquer le bloc au Saint-Gothard ont été découvertes il y a quelques années seulement. Situés à 2000 mètres d’altitude, les 24 secteurs et 800 blocs que proposent ce site sont parfaits en cas de canicule.

 

Val d’Avers : la forêt magique

Lors de la montée au San Bernardino depuis Coire, on parvient à un moment donné à la sortie Avers / Juf. S’il n’existait pas de panneau indiquant la présence du Magic Wood, on ne devinerait jamais que la forêt d’Ausserferra abrite un spot de bloc de classe mondiale. Car personne n’arrive ici par hasard.

 

Numero d’equilibrisme

L’évolution du Magic Wood reflète la naissance de la scène de bloc actuelle. Lorsqu’en 1999 (1996 selon certains), Thomas Steinbrugger, Bernd Zangerl et compagnie s’employèrent à libérer les premiers blocs de gneiss de la mousse, ils étaient loin d’imaginer qu’un site de bloc de renommée internationale naîtrait ici. À cette époque, la région n’était accessible qu’au moyen d’un câble métallique tendu au-dessus de la rivière. Rien que l’accès au site était une aventure. Une petite place où l’on pouvait faire du feu invitait à un romantique séjour de camping sauvage. Cependant, comme les paradis ne restent pas longtemps secrets et que le bloc a vu sa popularité grimper en flèche, de plus en plus de visiteurs se sont pressés dans le Val d’Avers. Camping sauvage, déchets « oubliés », parkings bondés : tout ceci a provoqué des conflits avec la population locale. Alors que la fermeture du site était imminente, les adeptes de bloc locaux et la commune de Ferrera sont parvenus à trouver un compromis. De fait, un pont a été construit, la place a été remblayée avec des copeaux de bois et des toilettes de chantier ont été mises à disposition des visiteurs. Selon un principe basé sur l’honnêteté, ces derniers devaient dorénavant glisser cinq francs par nuit dans une boîte. Cependant, en 2007, le bloc a connu un véritable boom et la situation a rapidement dégénéré. « Bodhi Climbing » a vu le jour en 2009. Il s’agit d’un véritable camping disposant d’installations sanitaires et de règles (11,50 CHF par jour). Depuis lors, les places de stationnement sont également en nombre suffisant (5 CHF par jour). Les adeptes de bloc et la population locale cohabitent désormais en bonne entente. Chaque année, un Clean-up Day est organisé en août. Une centaine de grimpeurs ratissent la forêt pour la débarrasser de ses déchets.

 

 

La forêt magique

Mais d’où vient au juste l’envoûtant pouvoir d’attraction du Magic Wood ? Malgré les quelque 1200 blocs qu’il abrite, ce site n’est pas une région adaptée aux débutants. Les blocs les plus gratifiants vont du Fb7a au Fb8b, et l’on ne trouve quasiment rien en-dessous de Fb6a. La saison commence en avril ou en mai, en fonction de la quantité de neige tombée dans les Alpes grisonnes. Le site de bloc se situe à 1250 mètres et nombreux sont ceux qui connaissent le Val d’Avers pour le ski de randonnée ou la cascade de glace. Situé dans la forêt et en altitude, le Magic Wood constitue ainsi un site de bloc idéal en été. Plus bas coule la glaciale Ragn da Ferra et les blocs sont éparpillés dans une forêt dense et ombragée. Nombre d’entre eux sont déversants et comportent uniquement de minuscules réglettes. L’ensemble du site étant situé au-dessus de la rivière et en pente, la zone d’atterrissage sous les blocs est rarement à plat, nécessitant par conséquent un bon arsenal de crashpads ainsi qu’une équipe de pareurs avisés. Bien qu’il soit possible d’acheter un guide de bloc et une application consacrée au site, il est plus agréable de se laisser guider de bloc en bloc ; de toute façon, tout le monde se perd lors de la première visite sur le site, avant de finalement retrouver son chemin jusqu’au camping. Un feu de camp y brûle généralement déjà ; à ses abords, les grimpeurs échangent leurs exploits du jour et déplorent d’inévitables blessures.

 

Hotspot pour les forts grimpeurs

La nature a réalisé un travail fantastique, en particulier sur les blocs à proximité du torrent : on ne trouve nulle part ailleurs une telle densité de blocs raides et difficiles. L’ensemble du gratin de la scène de bloc s’est succédé ici : James Webb, Christof Rauch et Daniel Woods y affichent un palmarès exceptionnel sur les blocs les plus difficiles. Souvent, les blocs portent bien leur nom : sur « Sofa Surfer » Fb8a, à la sortie du bloc, on glisse avec les crashpads sous le bloc. Et « Unendliche Geschichte » Fb8b+, ouvert par Chris Sharma, se compose désormais de trois parties. Il ne reste qu’à espérer que l’entente entre les visiteurs et les habitants du Magic Wood perdure, pour que le bloc dans le Val d’Avers demeure une histoire sans fin.

 

Val di Mello : le calme après la tempête

Rendre le bloc populaire au Val di Mello équivaudrait à apporter de l’eau à la rivière. Peu nombreuses sont les destinations aussi associées à la pratique du bloc que cette vallée italienne au sud du massif de Bregalia. Sauvage et romantique, cette vallée semble taillée pour le bloc : elle dispose d’une petite rivière, de blocs en excellent granite disséminés partout et de prairies si douces qu’elles permettent même souvent de renoncer au crashpad.

 

C’est dans ce paradis qu’en 2004 les « Sassisti » locaux, menés par Simone Pedeferri, ont donné vie à un événement devenu un véritable incontournable depuis : le « Mellobloco ». Basée sur une recette originale mixant compétition et festival, cette manifestation qui avait lieu chaque année au début du mois de mai attirait tous les ans de plus en plus de bloqueurs au Val di Mello. Pedeferri préparait à l’avance une douzaine de blocs extrêmement difficiles. Celui qui en avait vaincu le plus grand nombre à la fin des trois jours du Mellobloco était déclaré vainqueur. Rassemblant de grands noms, comme Chris Sharma, Adam Ondra, Stefano Ghisolfi et Barbara Zangerl, sur la liste des résultats, le Mellobloco était devenu une sorte de championnat du monde non-officiel. En raison des inscriptions libres, d’innombrables participants de tous horizons débarquaient spontanément, de sorte que la résolution en commun de blocs était devenue le point central du Melloblocco, et cela peu importe le degré de difficulté. Autour de 2015, la manifestation attirait six à sept mille visiteurs. En marge de la compétition ont fleuri des ateliers de yoga, des évènements test et des séminaires de technique d’escalade. Cependant, en 2018, à l’occasion de sa quinzième édition, la plus grande rencontre de bloc a déménagé et trouvé refuge à Cresciano, en Suisse. L’édition 2019 n’a finalement pas eu lieu. Les perspectives pour 2020 sont également plutôt défavorables : des querelles internes entre les organisateurs et des différents parmi les offices du tourisme risquent bien d’avoir raison de cet événement.

 

Le paradis du bloc

Quoi qu’il en soit, un voyage à destination du Val di Mello constitue toujours un excellent choix. Les trois campings à proximité de San Martino représentent un excellent de base pour explorer la vallée. Il est également facile de découvrir le Val di Bagni, plus agréable en cas de grosse chaleur, le Val Masino ou l’immense monolithe de granite de Sasso Remenno, lequel offre des voies d’escalade sportive à proximité directe de la route. En outre, pour ceux auxquels le camping ne dit rien, on y trouve également de nombreuses pensions. Et il n’est même pas nécessaire de disposer d’un véhicule car quelques 1000 voies de blocs réparties dans 30 secteurs sont accessibles à pied. Les blocs se situent à environ 1000 mètres d’altitude, de sorte qu’on y souffrira de la chaleur uniquement en plein été ; et la rivière n’est jamais bien loin. En automne, le soleil arrive assez tard dans la vallée. En raison du granite grenu très abrasif, il n’est pas rare d’avoir les mains et les doigts à vif dès le premier jour. Dans ce cas, il suffit de garder son calme et de ne pas oublier la crème pour les mains. Enfin, si l’on souhaite prendre davantage de hauteur, le Val di Mello regorge également d’innombrables voies alpines de plusieurs longueurs.


Photos © Stefan Kürzi

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