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La montagne, un sport motorisé ?

Rabea Zühlke, jeudi, 04. février 2021

Bien que l’offre des transports publics en Suisse compte parmi les meilleures du monde, la plupart des alpinistes circulent – souvent longtemps et de façon peu res­pectueuse de l’environnement – en voiture. Pourquoi ne renoncerions-nous pas à utiliser notre voiture et quelles alternatives avons-nous ? Nous nous sommes renseignés.

Bien que l’offre des transports publics en Suisse compte parmi les meilleures du monde, la plupart des alpinistes circulent – souvent longtemps et de façon peu res­pectueuse de l’environnement – en voiture. Pourquoi ne renoncerions-nous pas à utiliser notre voiture et quelles alternatives avons-nous ? Nous nous sommes renseignés.


« Les amateurs de montagne devraient covoiturer davantage. »

L’offre des transports publics est très bien développée et, comparativement à d’autres pays, fonctionne sans problème. L’accès aux informations, via différentes appli­cations, est optimal. Sur SuisseMobile, par exemple, on trouve, au format numérique, l’ensemble des itinéraires de randonnée, avec les arrêts et l’horaire exact. L’argument selon lequel les voyages en transports publics seraient trop compliqués est donc complètement irrecevable. Même le poids de l’équipement de ski de rando ne constitue plus une excuse aujourd’hui. Malgré tout – et cela me concerne également –, les gens aiment le confort et ne veulent pas renoncer à la flexibilité. En hiver, je pars souvent avant cinq heures, pour être au sommet avant les premières lueurs du jour. Si je voyageais en TP, je devrais partir la veille et dormir sur place. Je trouve cela trop contraignant ; cela ne fonctionne pas non plus en cas de courses spontanées. En tant que guide de montagne, je favorise le covoiturage. Les frais de stationnement dans les parkings relais sont contreproductifs. Cela énerve également les clients, car les places de stationnement sont souvent gratuites au point de départ de la course. Cela n’encourage donc aucunement le covoiturage. Les offres de carsharing, comme Sharoo ou Mobility, sont une bonne chose : par exemple, je prends le train pour aller au Tessin, afin d’éviter les bouchons. Sur place, je loue, pour les clients et ­moi-même, une voiture Mobility. Les alpinistes devraient davantage utiliser cette offre ; il vaudrait peut-être même la peine de créer une plateforme de carsharing destinée aux alpinistes. Les voyages en TP sont également parfaits lorsque le point de départ n’est pas le même que le point d’arrivée. Le CAS pourrait promouvoir encore plus ces possibilités de courses. Ma résolution : lorsque je ne serai pas trop encombré par du matériel, comme par exemple en canyoning, je n’aurai plus aucune excuse.

Felix Maurhofer – guide de montagne et canyon UIAGM, membre du TCS


« Si on se déplace loin, il faut y rester longtemps. »

L’une des préoccupations majeures du CAS est d’encourager les amateurs de sports de montagne à utiliser davantage les TP. Par exemple, le bus de randonnée hivernale (schneetourenbus.ch), un des projets lancés dans ce domaine, a pour but de desservir, en transports publics, le point de départ des excursions à ski ou en raquettes. L’année dernière, ce bus a transporté quelque 300 personnes. Cette année, nous avons encore simplifié le système pour les clients et nous prévoyons de nous étendre à la Suisse romande d’ici 2021. Nous espérons un nombre de voyageurs nettement plus élevé pour cette saison. Harmoniser la durée du voyage avec la durée de la course constitue une autre priorité. En clair : si on voyage loin, il faut y rester longtemps. Si on ne doit pas se déplacer chaque jour, on réduit les kilomètres. En outre, nous contribuons ainsi à la valeur ajoutée dans les régions de montagne et renforçons notre expérience alpine. Globalement, j’ai l’impression que la proportion des voyages en TP est plus élevée pour les courses de sections. Il ne faut toutefois pas diaboliser la voiture, mais suivre de près les conditions-cadres pour une course de section : les randonnées à ski printanières sont, par exemple, difficiles en TP et il convient de bien remplir les voitures ou, pourquoi pas, partir la veille au soir ? La situation de départ est également déterminante : une section de montagne, qui peut réaliser une grande partie de ses courses dans les environs, parcourra beaucoup moins de kilomètres qu’une section urbaine, très éloignée de la neige. Il me semble donc important, en particulier pour les sections du plateau, d’utiliser les TP à chaque fois que cela est possible et de compléter les trajets avec des offres telles que le taxi, le bus de randonnée hivernale ou le bus alpin. Ces réflexions sur la mobilité ne sont, bien sûr, pas uniquement valables pour les courses de sections. Tout un chacun peut, en adaptant son comportement, avoir une influence.

Benno Steiner - Club Alpin Suisse CAS, ­collaborateur spécialisé en protection du paysage


« À long terme, il s’agit d’une question de survie »

Il n’est pas si facile de déterminer quand et comment utiliser sa voiture de façon adéquate et judicieuse, au quotidien ainsi que durant les loisirs. C’est une question au sujet de laquelle on doit surtout négocier avec soi-même. Il n’existe aucune loi incitant à opter systématiquement pour les transports publics. Et, malheureusement, cette solution présente souvent trop peu d’intérêt pour les gens habitués à voyager en voiture. En achetant des billets de remontées mécaniques et des abonnements de saison, la plupart des adeptes de sports d’hiver – dont je ne fais pas exception – soutiennent une industrie touristique qui rejette, avec ses dameuses et d’innombrables constructions, d’impressionnantes quantités de CO2 dans un envi­ronnement fragile. Chacun devrait avoir conscience qu’il participe ainsi à l’accélération du réchauffement climatique. Nous devons également connaître les conséquences possibles de nos aventures en montagne. Je me fais un devoir moral de maintenir mon empreinte écologique à un niveau aussi bas que possible. Concernant la mobilité, c’est-à-dire nos habitudes en matière de déplacements, il existe des possibilités pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Et ces alternatives entraînent souvent d’autres avantages : lorsqu’on voyage en transports publics, on peut se détendre, déjeuner tranquillement ou passer en revue une journée réussie, devant un petit apéro. Il s’agit ici d’un problème de luxe qu’on doit appréhender avec humilité. Se déplacer de manière respectueuse permet de se sentir mieux. Il convient d’anticiper plus loin que le prochain virage dans la poudreuse ! Souvent, dans le domaine de la mobilité et des sports de montagne, il s’agit uniquement d’avoir un maximum de fun. Cependant, à long terme, il en va de la survie des individus et des espèces. La justice climatique ne doit plus être ignorée dans les paysages enneigés et féériques.

Reto Kestenholz – snowboardeur et membre de l’initiative Ride Greener

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