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Un géant oublié

Nicolas Hojac, jeudi, 22. avril 2021

Avec ses 4273 mètres, le Finsteraarhorn est très connu comme étant le plus haut sommet du canton de Berne - un sommet beau et esthétique. Mais sa face nord-est, raide et sombre, me semble un peu oubliée. Cette paroi de 1000 m de haut est très isolée et n'est accessible qu'au prix d'un effort important. Les voies sont sauvages et le rocher n'est pas toujours très solide. Une aventure est garantie lors d'une ascension en hiver.

Le Finsteraarhorn, avec ses 4273 m, est très connu comme étant le plus haut sommet du canton de Berne - un sommet beau et esthétique. Sa face nord-est, raide et sombre, me semble cependant un peu oubliée. Cette paroi de 1000 m de haut est très isolée et n'est accessible qu'au prix d'un effort important. Les voies sont sauvages et le rocher n'est pas toujours très solide. L'aventure est garantie lors d'une ascension en hiver.

L'élément déclencheur de ce projet a été l'histoire d'une cordée qui a probablement réalisé la première ascension hivernale de l'arête nord de la face est. Cela remonte maintenant à quelques décennies, mais l'histoire impressionnante est restée. Le premier jour, ils ont bien progressé et ont bivouaqué en hauteur sous la tour grise. Mais le temps a changé pendant la nuit et ils ont été surpris par une tempête de neige. Une retraite s'avérant impossible, il ne restait plus qu'à fuir en avant par le sommet. Il leur a fallu plus de 12 heures pour parcourir les 400 derniers mètres de dénivelé et c'est de justesse qu'ils ont atteint la cabane du Finsteraarhorn, qui les a sauvés de l'épuisement.


C'est avec cette histoire en tête que Jonas Schild et moi avons commencé à planifier cette entreprise. Après avoir longuement hésité, nous avons décidé de passer par le refuge Schreckhorn. En hiver, il est relativement facile d'y accéder à ski depuis la station Eismeer. Nous sommes partis très tôt de la cabane et avons cherché un chemin à travers les éboulements du glacier jusqu'au pied de la paroi, où nous avons installé notre dépôt de skis. Nous franchissons les premières centaines de mètres de dénivelé sans difficulté. La recherche du chemin est passionnante, mais pas exigeante. Nous nous en tenons aux côtes et contournons sans cesse les remontées verticales. Nous essayons de grimper le plus efficacement possible, car les journées sont très courtes en hiver et nous voulons profiter au maximum de la lumière du jour.


Tours grises

Nous avons régulièrement l'impression d'avoir maintenant dépassé ce que nous pensions être la première longueur clé, la tour grise, mais une tour grise revenait toujours. Nous avions emporté du matériel de bivouac par sécurité, mais nous penchions tous les deux pour une ascension à la journée. Si l'on peut gravir la face nord de l'Eiger en quelques heures, on devrait pouvoir le faire en une journée. Mais c'était un peu une illusion. Ici, au Finsteraarhorn, il n'y a pas de cordes fixes ni de pitons. Il faut installer soi-même tous les points d'appui et les points d'assurage intermédiaires, ce qui prend du temps. Lorsque nous sommes tombés sur une nouvelle tour grise 400 m sous le sommet, nous savions tous les deux qu'il s'agissait du premier passage clé. Les variantes de contournement ne semblaient ni l'une ni l'autre très engageantes. A droite, une rampe fine avec des blocs détachés, à gauche une goulotte peu profonde mais raide. Nous avons opté pour le couloir. Celle-ci s'est avérée un peu moins dure que prévu. Il fait encore jour et nous avons essayé d'atteindre le sommet, mais nous avons soudain été à nouveau freinés, car le terrain était plus difficile que prévu. Après une longue longueur de corde épuisante pour les nerfs, avec beaucoup de nettoyage, le crépuscule commençait à tomber. Le terrain était raide et il n'y avait nulle part d'endroit approprié pour bivouaquer. Nous n'avions ni l'un ni l'autre envie de nous battre pendant la nuit, alors nous avons fixé notre corde et nous sommes descendus de 60 mètres jusqu'à un petit champ de neige où nous avons creusé deux plateformes et passé la nuit.


Le sommet en vue

Le lendemain matin, nous avons été réveillés par un lever de soleil enchanteur. Nous avons fait fondre un peu de neige et nous sommes mis en route sans prendre de petit-déjeuner. Il nous a fallu un peu de temps pour nous remettre en route. Encore un peu raides de la nuit froide, nous sommes montés à la corde fixée et avons continué à grimper. Les longueurs de corde que nous faisions étaient de plus en plus courtes. Le terrain est exigeant et il n'est pas toujours facile d'installer des protections intermédiaires dans le rocher un peu friable. On voit déjà l'arête du sommet, mais aussi proche qu'elle puisse paraître, nous nous en sommes lentement rapprochés. Peu après midi, nous étions enfin au sommet et nous nous sommes donné une poignée de main. Le vent froid n'invitait pas à s'attarder et nous avons donc regardé pour revenir le plus vite possible à nos skis. La descente par le col de l'Agassizjoch s'est ensuite avérée plus facile que prévu. Nous avons atteint notre dépôt sans difficulté notable et sommes retournés à la Schreckhornhütte, où nous avons pu trinquer à notre ascension et profiter du confort d'un matelas et d'un toit sur la tête.


L'arête nord de la face est du Finsteraarhorn est certainement une grande course sauvage dans l'Oberland bernois. Le rocher n'est pas compact sur toute la longueur, ce qui rend le tout encore plus aventureux. À l'exception d'un seul piton, nous n'avons trouvé aucun matériel dans la paroi. L'ascension de la paroi en hiver est certainement un peu plus exigeante, mais je déconseille plutôt de la faire en plein été.

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