À gaz ou à essence ? De nos jours, répondre à cette seule question n’est plus suffisant pour choisir un réchaud adapté. Désormais, on parle même de système de cuisson.
Pour bien choisir son réchaud, il faut commencer par réfléchir à ce qu’on attend de lui. Dans certains cas, il peut être intéressant d’investir dans deux systèmes différents plutôt que de chercher absolument un réchaud qui peut tout faire. Les questions centrales qui se présentent lors du choix d’un réchaud sont les suivantes :
Qu’est-ce qu’on veut cuisiner ? Est-ce qu’on veut préparer un « véritable » repas dans plusieurs casseroles ou est-ce qu’on veut juste faire chauffer de l’eau pour le thé et pour un repas lyophilisé ?
Quelle est l’autonomie dont on a besoin ? Quelle sera la disponibilité du combustible là où l’on va ?
Quelles seront les conditions extérieures, en particulier la place disponible, la température et l’exposition au vent ?
1 Pare-vent: Un pare-vent a une grande influence sur la consommation de gaz. Il devrait toujours être à portée de main si le réchaud ne possède pas de protection intégrée. Un échangeur de chaleur sous la casserole augmente encore l'efficacité.
2 Conduite d'alimentation externe: Les réchauds qui se vissent directement sur la cartouche de gaz sont d'une compacité imbattable. Avec un tuyau, le réchaud est toutefois plus stable et la cartouche peut être retournée lorsqu'il fait froid ou qu’il ne reste que peu de gaz.
3 Gaz ou essence ?: Les réchauds à gaz sont simples, propres et efficaces. Pour la plupart des projets alpins, leurs avantages l’emportent sur ceux des réchauds à essence ou multicombustibles. Ces derniers marquent des points surtout par grand froid et en matière de sécurité d'approvisionnement.
En posant ces questions à des alpinistes ou à des grimpeurs, leurs réponses conduisent bien souvent à un réchaud à gaz. Les scénarios nécessitant un réchaud à essence pourraient être un voyage en avion pour un long trekking dans des régions isolées, une expédition avec un séjour prolongé au camp de base ou des conditions extrêmement froides. Dans les autres situations, les avantages des réchauds à gaz l'emportent presque toujours. Dans cette catégorie, il faut encore choisir le genre de système : réchaud à visser sur la cartouche, réchaud sur pied avec conduite d'alimentation externe ou système complet avec casserole intégrée ? Les systèmes complets sont surtout utiles si l’on souhaite uniquement chauffer de l’eau, si les conditions sont défavorables et si la liberté de mouvement est limitée, comme dans un portaledge. La casserole, le pare-vent et l'échangeur de chaleur sont parfaitement adaptés les uns aux autres ce qui permet de limiter les pertes d'énergie et le système peut souvent être suspendu.
Le premier produit de ce type était le Jetboil avec son échangeur de chaleur intégré. Les réchauds à gaz les plus évolués du moment sont ceux équipés d’un brûleur à tête radiante, comme les modèles Reactor et Windburner de MSR et, plus récemment, l'Ulti de Primus. Ces réchauds à gaz très puissants et efficaces ne produisent pas de flamme ouverte, mais un rayonnement de chaleur réparti sur toute la surface. Ils sont plus efficaces, moins sensibles au vent et plus silencieux qu'un réchaud à gaz à flamme ouverte. De plus, leur utilisation à l'intérieur d’une tente (ventilée !) est moins dangereuse. Le big wall ou les expéditions de style alpin sont des scénarios typiques pour ces réchauds, qui sont très efficaces pour faire fondre la neige et bouillir l'eau. L'inconvénient des systèmes intégrés est leur manque de flexibilité – ils ne fonctionnent qu'avec leur casserole, qui n'a souvent qu'un litre de capacité. Difficile alors de préparer des menus élaborés sur de tels réchauds.
Lorsque cuisiner ne sert pas uniquement à absorber des calories, mais fait partie intégrante de la sortie – par exemple en trekking et pour l’alpinisme moins extrême – un réchaud à gaz « classique », qui laisse le libre choix des accessoires est peut-être le meilleur choix. Dans ce cas, il est préférable d'opter pour un réchaud avec une conduite d'alimentation externe plutôt qu’un réchaud à visser (légèrement plus léger et plus compact). La cartouche déportée permet un support de casserole plus stable et la cartouche peut être retournée pour plus de puissance. Les performances de ces réchauds sont nettement améliorées par un pare-vent et des casseroles avec échangeur de chaleur composé de lamelles qui retiennent la chaleur sous la casserole.
Cuisiner au gaz est simple, propre, facile à régler et sans suies. De plus, le gaz possède le pouvoir calorifique le plus élevé des combustibles disponibles (rapport entre la puissance de chauffe et le poids).
Des inconvénients ? Il y en a principalement deux : d'une part, les cartouches de gaz ne peuvent pas être transportées en avion et selon la destination il peut être difficile, voire impossible, de s'en procurer sur place (avec le bon raccord !). D'autre part, le froid est le talon d'Achille des réchauds à gaz. Lorsque les températures sont négatives, les réchauds à gaz ne fonctionnent que de manière limitée. En raison de la baisse de pression dans la cartouche le gaz circule moins facilement vers le réchaud. Le même effet se produit lorsque la cartouche est presque vide. Il est possible d'y remédier en utilisant ce que l'on appelle le « gaz d'hiver », qui présente des proportions de propane et de butane différentes et qui est parfois aussi rempli dans des cartouches spécialement conçues. Garder les cartouches de gaz au chaud, par exemple dans un sac de couchage aide également. Dans les réchauds à gaz avec fonction de préchauffage, le gaz circule dans un petit tube en cuivre au niveau de la flamme et est ainsi réchauffé avant d'être allumé. Retourner la cartouche de gaz augmente nettement les performances et permet de vider complètement les cartouches, mais ce n'est possible qu'avec les réchauds équipés d'une conduite d'alimentation externe. Grâce à de tels développements, le froid n'est plus un critère d'exclusion pour l'utilisation d'un réchaud à gaz.
Évaluer la consommation de gaz
En matière de raccordement, les cartouches à visser se sont largement imposées face aux cartouches à piquer. La prudence est néanmoins de mise : bien que les valves à vis soient normalisées, des complications (rares) peuvent survenir en raison de profondeurs de vissage ou de positions de valve différentes selon les fabricants. Si l’on prévoit de partir loin ou longtemps, il est plus que recommandé de tester la combinaison réchaud-cartouche avant le départ.
La consommation de gaz est difficile à prévoir : des facteurs comme le vent, l’altitude et la température ont en effet une grande influence. En règle générale, les petites cartouches de 100 grammes suffisent pour une à deux nuits en haute montagne, au cours desquelles il faut aussi faire fondre la neige. Dans des conditions favorables, 10 grammes de gaz permettent de faire bouillir environ un litre d'eau. Il est d'ailleurs possible de peser les cartouches entamées pour calculer la consommation – ou de placer la cartouche dans l'eau, le « tirant d'eau » de la cartouche indiquant le niveau de remplissage de gaz à l'intérieur.
Les réchauds à gaz sont-ils donc la référence absolue en matière de sports de montagne et de plein air ?
Pas nécessairement. La disponibilité des combustibles liquides dans le monde entier et la performance sans faille des réchauds à essence à basses températures sont des arguments de poids. Leur manipulation est toutefois un peu plus fastidieuse. Il faut d'abord mettre l'essence de la bouteille sous pression au moyen d'une pompe, puis la préchauffer jusqu'à ce qu'elle soit gazéifiée. Pour cela, on laisse s'écouler un peu d'essence liquide dans le réchaud, puis on referme la valve. Il faut ensuite mettre le feu à cette essence qui brûle alors avec une flamme ouverte. Dès que des flammes bleutées apparaissent, qu'elles ne font plus de suie et que le réchaud « crachote », le préchauffage est terminé et la valve peut alors être ouverte. De nombreux réchauds à essence sont difficiles à régler et l’équilibre entre « arrêt » et « plein gaz » est plutôt subtil. Afin de permettre un réglage plus précis de la puissance de chauffe, certains réchauds comme le Primus Omnifuel, sont équipés de deux valves en série. Quoi qu’il en soit, les réchauds à essence réagissent lentement et demandent beaucoup d’anticipation lorsqu’on cuisine.
Lorsqu’on a fini d’utiliser un réchaud à essence, il faut laisser brûler le combustible contenu dans la conduite en retournant la bouteille d'essence, tout en laissant la flamme allumée. Le tuyau d'alimentation de la pompe n’est alors plus plongé dans l'essence mais dans l'air. Lorsque toute l’essence du tuyau a brûlé, le réchaud s’éteint de lui-même. N'oubliez pas de refermer la valve ! Un avantage de cette technique est que l'air comprimé qui s'écoule à la fin par la valve nettoie la buse et évacue les éventuels résidus.
Multicombustibles : ils brûlent tout
Le « chuintement » bruyant typique des anciens réchauds à essence a maintenant été résolu par les fabricants leaders comme MSR (« Whisperlite ») et Primus (« OmniLite Ti Silencer ») grâce à des gicleurs spéciaux. En raison de la flamme ouverte pendant le préchauffage, les réchauds à essence ne doivent pas être utilisés dans des espaces fermés et encore moins à l'intérieur d'une tente.
L’essence purifiée « white gas », un peu plus chère mais qui forme moins de suie et qui présente un pouvoir calorifique un peu plus élevé, est préférable à l'essence des stations-service. Pour des combustibles comme le diesel ou le kérosène, il faut souvent utiliser une buse spéciale.
Jetant un pont entre deux mondes, certains « réchauds multicombustibles » modernes fonctionnent au choix avec du gaz ou des combustibles liquides grâce à des buses interchangeables. Dans les faits, il n'existe aujourd'hui presque plus de réchauds purement à essence. La plupart sont des réchauds multicombustibles (p. ex. Primus Omnifuel, Optimus Polaris). Les réchauds à alcool (« Esbit Cookset Compact ») et les réchauds à combustible solide (« réchauds de poche Esbit »), qui fonctionnent avec une pâte combustible ou un combustible sec, sont rarement utilisés dans les sports de montagne. Ils offrent des avantages en termes de taille, de poids et de transport, l'alcool est facile à remplir et à ranger et le combustible sec n'est pas explosif. Mais en termes de performances, ils ne peuvent pas rivaliser avec les réchauds modernes à gaz et à essence.
Aussi séduisant que soit le poids des réchauds à visser « nus », en montagne il faut toujours compter le poids total du système de cuisson comprenant la cartouche, une casserole, et éventuellement un pare-vent. Les systèmes intégrés, comme par exemple un JetBoil, peuvent sembler un peu plus lourds et plus grands, mais ils sont souvent les plus efficaces. Les indications de puissance de chauffe doivent également être considérées avec prudence. Les réchauds les plus vigoureux ont une puissance d'environ 3000 watts. Un pare-vent, une casserole équipée d’un échangeur de chaleur efficace ainsi que le matériau et l'épaisseur de la paroi ont une grande influence sur la puissance réelle, c'est-à-dire sur la capacité à faire bouillir un litre d'eau. Souvent, un système intelligent de transmission de la chaleur est plus efficace qu'une puissance de chauffe élevée.
Qu'il fonctionne au gaz ou à l'essence, nous vous recommandons chaudement, au sens propre du terme, de venir tester les réchauds dans nos magasins afin de connaître les avantages et inconvénients des différents systèmes et surtout de tester leur maniement. Nos conseillères et conseillers formés connaissent de nombreux trucs et astuces pour l'utilisation des différents modèles – saisissez cette chance.
7 trucs et astuces pour l'utilisation des réchauds
1. Lors de la séparation du combustible et du réchaud, il faut faire attention aux sources d'inflammation possibles (cigarette, bougie, ...). C'est là que se produisent la plupart des accidents, car un peu de combustible s'échappe volontiers de la soupape. Les cartouches à piquer sont particulièrement dangereuses sur ce point.
2. En cas de froid, préchauffez si possible les cartouches de gaz, par exemple dans un sac de couchage.
3. En cuisinant avec de l'essence de station-service, il faut toujours laisser le réchaud brûler proprement en fin de cuisson et ne fermer la bouteille d'essence que lorsqu'il n'y a plus que de l'air dans les conduites. Cela permet d'éviter un encrassement excessif.
4. Ne jamais cuisiner à l’essence dans un environnement fermé (tente, bus, pièce…).
5. Si l'on part longtemps, toujours emporter un petit kit de réparation. Les réchauds sont des ensembles mécaniques sur lesquels il est possible de réparer très rapidement des petites pannes avec quelques connaissances techniques.
6. Pour allumer un réchaud, prévoir une pierre à feu de secours. Même le meilleur réchaud ne sert à rien s'il ne peut pas être allumé à cause d'un briquet défectueux ou perdu. Les allumages piézo-électriques intégrés aux réchauds sont souvent la première chose qui tombe en panne sur un réchaud.
7. Pour ceux qui souhaitent préparer du pain, des gâteaux ou des pizzas sur leur réchaud de camping, en plus des pâtes, du riz et du ragoût, nous recommandons le système de four mobile d'Omnia (omniasweden.com).
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